Réinventer sa vie - L'histoire de Johanne Seyer
Johanne Seyer était une personne aimante et reconnaissante du bonheur qu’elle avait trouvé au bout d’un long chemin parsemé de défis et d’embûches. À 47 ans elle est morte trop rapidement d’un cancer qui l’a surprise de la pire manière qui soit.
Enfant, elle était ce que l’on appelle une première de classe et tout lui semblait facile. Deuxième d’une fratrie de quatre enfants, elle était très proche de sa sœur Brigitte et de ses petites frères Stéphane et Marc-André. Auprès de son père André et de sa mère Lisette elle habitait une maison animée et joyeuse.
Son inclination naturelle de venir en aide à autrui a souvent été fait à ses dépens, surtout à l’adolescence, une période de sa vie plus difficile pour elle, on pourrait même dire cahoteuse.
Un sens à sa vie
Cette femme résiliante et vive a vu sa vie complètement changer quand son fils Francis est venu au monde alors qu’elle entrait dans la vingtaine.
Il était tout pour Johanne qui l’a élevé seule. Ils étaient plus que complices dans la vie. Une tendresse très forte les unissait. Elle était « ma mère, mon père, mon amie », confie Francis.
C’est la naissance de son enfant qui l’a motivée à retourner sur les bancs d’école pour passer une série de diplômes d’études professionnels qui lui permettront d’exercer des métiers traditionnellement masculins chez GM et Kenworth, entre autres. Quand elle arrivait à la garderie pour chercher Francis, il se souvient encore de l’odeur de garage mécanique qui la précédait.
À la fin de sa vie, Johanne était inspectrice pour les avions de la Série C chez Bombardier Aéronautique, une fierté immense pour cette nationaliste qui vivait à Boisbriand.
Paisible et rock’n roll à la fois c’était « une émotion sur deux pattes » raconte Sylvain, son mari avec qui elle avait trouvé un vrai complice. Ils étaient mariés depuis août 2013 et s’étaient connus d’abord comme collègues de travail et reconnus bien vite comme âmes sœurs. Cette union dont la cérémonie a été présidée par André Gagné l’époux de sa mère Lisette était pour elle l’aboutissement d’un rêve. L’amour entre Sylvain et Johanne sautait aux yeux pour quiconque les croisait.
Passionnée de musique
Johanne aimait énormément la musique et aller voir des spectacles. Elle appréciait beaucoup Metallica, Les Cowboys Fringants, Les Colos, AC/DC… mais elle détestait sincèrement Guns N’Roses. C’est qu’elle était au Stade Olympique le 8 aout 1992 pour le concert de Metallica et Guns N’Roses. Suite à un accident subit par le chanteur de Metallica qui avait forcé l’interruption du spectacle, Axl Rose avait mis un terme à la prestation de son groupe seulement après 40 minutes. Une gigantesque émeute s’en était suivie. Comme beaucoup, Johanne ne leur avait pas pardonné.
Elle admirait aussi beaucoup Céline Dion et se promettait d’aller voir son spectacle en août 2016. Malheureusement elle était trop faible pour y assister.
Grande partisane du Canadien de Montréal, elle avait même acheté sa brique commémorative à son nom au Centre Bell.
Johanne partageait sa passion pour la pêche avec son mari et son fils. Même très affaiblie, elle a réussi à s’organiser un ultime voyage, quelques semaines avant son décès.
Ceux qui l’ont bien connue se souviennent aussi d’une sympathique gaffeuse. Personne ne s’étonnait qu’à la suite de son passage à une table, quelques verres de vins soient brisés et la nappe tachée. Dans sa famille, on se souvient aussi qu’elle est presque tombée dans la fausse lors de l’enterrement de son grand-père, en pleine tempête de neige en 1977.
Quant à ses collègues de Bombardier, ils se rappellent la fois où elle est restée coincé dans un réservoir à essence d’un CL 415 à cause de l’anneau qu’elle portait au nombril.
Sa passion pour le chocolat était aussi légendaire.
Généreuse jusqu’à la fin
La vie de Johanne a basculé le 26 février 2016. Suite à une chute au travail lui ayant occasionné des contusions au bras, elle a consulté un médecin. Il faut dire qu’elle avait de forts étourdissements et maux de tête depuis quelques semaines. C’est à cause de ces vertiges qu’elle est tombée et s’est blessée. Après quelques examens, le verdict implacable et inattendu est tombé. On lui a annoncé qu’elle souffrait d’un cancer, de nombreux métastases et qu’il lui restait quelques mois à vivre. Son cerveau, son pancréas et ses poumons étaient attaqués.
Même si elle a été abasourdie et dévastée par la nouvelle, Johanne s’est mise en tête de « fucker les statistiques » comme elle disait. Ses nombreuses hospitalisations et les complications qu’elle a subies suite à ses traitements auraient pu faire perdre le moral à n’importe qui. Mais pas à Johanne.
Jusqu’à la fin elle remerciait ses visiteurs, prenait le temps de bien faire les choses et s’intéressait à eux. Son affection pouvait paraître déstabilisante en ces moments mais elle était vraie et sincère. Johanne restait elle-même, tout simplement.
Elle a voulu plus que tout vivre pour voir la naissance de son petit-fils en octobre mais la maladie l’a emportée trop vite en août 2016.
On ne peut pas évoquer le bon souvenir de Johanne sans penser grands yeux qui scrutaient l’âme de ses interlocuteurs. Elle avait une voix douce et ses mots exprimaient lentement des idées fortes. Jusqu’à la toute fin de sa vie, il était impossible de ne pas se perdre dans son regard inoubliable.
En fermant les yeux, ses proches peuvent presque l’entendre fredonner cet air des Cowboys Fringants qu’elle aimait tant, extrait de la chanson « Les Étoiles Filantes » :
« La vie s’accroche et renait
comme les printemps reviennent
dans une bouffée d’air frais
qui apaise les cœurs en peine. »
Hommage
Par Brigitte Seyer
Pour rendre un dernier hommage à ma petite sœur, j’ai trouvé ces synonymes…
Johanne c’est synonyme de plaisir… et un rien pouvait lui faire plaisir! Et du plaisir elle en a eu tout au long de sa vie. À 47 ans elle riait d’un rien et avait encore ce regard pétillant de l’enfance que tout émerveille!!
Johanne c’est synonyme de 100% parce qu’elle était et se donnait toujours à 100%... peu importe ce qu’elle faisait… que ce soit dans ses amours, ses amitiés ou quand elle chantait, s’amusait, travaillait et elle appréciait tout à 100%
Mais par-dessus tout, quand on pense à ma petite sœur on pense tout de suite au mot AMOUR car elle était une passionnée de tout. Johanne vivait pleinement.. elle aimait la VIE et son monde… tout simplement…
Quand on pense à Johanne on peut également penser qu’elle a réalisé de grands rêves qu’elle avait…
Elle a été nommée marraine de Charles Seyer le fils de notre frère Stéphane et sa conjointe Marie-Éve,
En 2015 elle est devenue la mamie JoJo pour la petite Naomy… ainsi qu’Adèle et en Octobre dernier – de l’au-delà- elle est devenue mamie Jojo dans le ciel pour Jayden…
Le 30 août 2013, elle a réalisé un très grand rêve, soit de se marier à l’homme de sa vie Sylvain Proulx qu’elle aimait comme au premier jour…
Et le 20 Novembre 1989, elle a été comblée de bonheur dans l’un des rôles qui a été le plus important de sa vie… soit d’être mère de son fils Francis…
Oui ma sœur a eu une vie remplie d’amour …
Et elle nous manque terriblement…
Johanne Seyer | 15 mai 1969 - 12 août 2016
Conjoint : Sylvain Proulx
Père : André Seyer
Mère : Lisette Bisaillon
Frères : Marc-André Seyer, Stéphane Seyer
Sœur : Brigitte Seyer
Enfant : Francis Seyer